Cinéphile depuis pas mal de temps, j’ai regardé un bon nombre de séries : des plus anciennes au plus modernes, tout y passe. J’aime me projeter dans un univers inconnu tel Fernando Pessoa qui ne cessait de se créer un monde factice pour ne pas subir son existence. Ayant un attrait pour les sciences, The Big Bang Theory a été, sans nul doute,  l’une de mes séries préférées.

Comme vous le savez bien maintenant, j’aime les personnages qui sortent du lot, qui ne sont pas compris de tous et qui sont jugés à défaut d’être entendus.

Selon Cooper se distingue de par sa personnalité qu’on peut qualifier d’excentrique, nous allons tenter de le comprendre un peu plus et de comprendre pourquoi il a eu du mal à se faire des amis.

(NB : nous allons nous pencher sur la série TBBT et non sur la série Young Sheldon basée sur le personnage de Sheldon qui est bien moins connu.)

Comme il l’a précisé de nombreuses fois “ma mère m’a fait testé, je ne suis pas fou” : nous n’allons bien évidemment pas parler de folie – terme anciennement utilisé pour définir une personne atteinte de trouble psychologique, c’est dire la vision des névroses qu’avait nos prédécesseurs – mais nous allons tout de même nous pencher sur les nombreux traits de personnalité qui le font diverger de la “norme”.

L’article s’organisera en trois parties différentes : nous allons discuter de la personnalité de ce personnage, puis de ses comportements quotidiens et enfin de ses interactions sociales.

PERSONNALITÉ

Pour commencer,

Sheldon Cooper a une intelligence hors du commun. L’intelligence est un concept très compliqué à définir (j’en parlerais dans une vidéo) mais quoi qu’il en soit, le WISC / WAIS ont été développés afin d’évaluer le quotient intellectuel d’un individu basé sur des tests psychométriques. Nous sommes donc sur des processus tangibles et quantifiables. Il est à noter que la moyenne d’un QI se situe entre 85 et 115. Sheldon a un QI de 187, ce qui place son intelligence bien au dessus de la norme. Il possède ainsi une faculté littéralement hors norme à saisir, comprendre et traiter des idées complexes.

Il possède également une mémoire eidétique : il peut se souvenir d’une très grande quantité d’images et de sons avec beaucoup de détails quand il m’est impossible de me rappeler de répondre à mes messages.

Si vous regardez son quotidien, vous verrez que tout est organisé, chronométré et carré : il sait ce qu’il doit faire chaque jour, chaque heure et chaque minute. Non seulement ça le rassure mais ça lui permet aussi de ne pas être perturbé par un quelconque facteur extérieur. Anxiété, besoin de structure ; peu importe la raison, chez Sheldon tout est bien organisé et listé. Il anticipe ainsi énormément de choses afin de tout contrôler.

Dans le même sens, Sheldon ne laisse que très peu de place à l’émotionnel : un grand manque de sensibilité émotionnel est présent chez lui – nous allons développer ça dans la partie Interactions sociales. Le rationnel prime très largement sur les émotions. Les amateurs du MBTI le classerait dans les T mais autant vous dire que non seulement je n’arrive pas à me souvenir de chaque lettre de cette classification mais aussi qu’il m’ai difficile de comprendre l’utilité et l’engouement. Il prend donc des décisions basées sur l’aspect rationnel et non émotionnel : par exemple rompre avec sa petite amie Amy car il y a un conflit sans prendre en compte les sentiments qu’il possède à son encontre. Il y a aussi chez lui un manque de second degré plus qu’accrue. Il demande très souvent “Sarcasme?” afin de valider son intuition, quand intuition il y a, qu’on se moque de lui.

COMPORTEMENT :

Nous pouvons voir chez ce très cher Sheldon, qu’il a des intérêts et des activités assez restreints. C’est comme s’il choisissait un sujet qu’il développait pendant des mois ou des années tel que les trains : il maitrise ce sujet plus que quiconque. Son QI le facilite à tout comprendre mais ça n’en est pas pour autant la raison. Il consacre d’ailleurs toute son énergie et son quotidien à travailler sur ses recherches de physique, ce qui lui permettra d’obtenir, avec sa femme, le prix Nobel. Pour autant, ça restreint énormément le reste de son quotidien : il ne consacre sa semaine qu’à son travail et vit donc les vacances comme une torture psychologique. Son entourage doit ainsi se conformer à son quotidien et doit pouvoir entrer entre deux sessions de travail.

L’une des choses les moins subtiles de ce personnage est sûrement le caractère stéréotypé et répétitifs de ses comportements comme par exemple toquer 3 fois aux portes. Il ne peut s’en empêcher et ça l’apaise énormément. Il ne fait nul doute qu’il a des troubles obsessionnels compulsifs (TOCs) : des pensées anxiogènes suivis de compulsions qui permettent de diminuer l’intensité de l’anxiété perçue. Il y a notamment un épisode où sa copine Amy, docteur en neurosciences, tente de l’exposer à son anxiété. Par exemple : elle lui chante la chanson Joyeux anniversaire avec un gâteau et une bougie et l’empêche de souffler la bougie, ça peut paraître très banale mais le fait de souffler la bougie indique la fin de quelque chose et entraîne un certain apaisement. Il ne peut ainsi pas s’empêcher de toquer trois fois aux portes car non seulement cela entraînerait un changement de son quotidien mais aussi que cela lui donne la sensation de contrôle.

Son environnement carré et son comportement stéréotypé sont accompagnés, chez Cooper, d’un manque de flexibilité à son paroxysme: non seulement son colocataire et ami ne peut pas changer la température de l’appartement mais il ne peut pas non plus choisir ce qu’il mange car le diner de chaque jour est déjà choisi en amont et ne change jamais d’une semaine à une autre. Bien au delà de ca, le restaurant reste toujours le même et le plat également.

Enfin, Sheldon Cooper a une hyperesthésie (hypersensibilité sensorielle) : il ne supporte absolument pas les cris ou autres bruits qu’il considère inutile, il ne semble pas supporter certains types de vêtements etc.

 

INTERACTIONS SOCIALES :

Comme précisé plus haut, il est pourvu d’un manque de sensibilité émotionnel ce qui entrave grandement ses interactions sociales quelles soient amicales ou amoureuses. Tout d’abord, il ne semble pas saisir le fonctionnement de l’amitié. Il ne comprend pas comment on se fait des amis et visualise tout de manière très rationnel en occultant le côté émotionnel et non tangible de ce domaine. Après avoir lu un bon nombre de livres sur ce sujet, il constituera dans ce sens un algorithme de l’amitié qui sera censé l’aider à se faire des amis – ce qui sera un échec.

Aussi, non seulement Sheldon ne comprend pas forcément ses émotions mais il comprend encore moins les émotions d’autrui : il est d’ailleurs très franche et n’aura aucun soucis à dire à son ami que sa tenue n’est pas belle et jamais il ne pourrait penser que ça peut blesser (rappelons le, il est très rationnel donc pourquoi mentir?). Cela fait référence à la théorie de l’esprit qui, en sciences cognitives, désigne la capacité que l’individu possède à attribuer des états mentaux aux autres. Par exemple: comprendre la subtilité d’un discours, comprendre le second degré / le sarcasme, anticiper l’intention d’une personne etc. Il est à noter aussi qu’il ne semble pas saisir les normes sociales : dans un épisode où Sheldon et Amy étaient en rendez-vous galant, il lui semblait tout à fait normal de ne pas s’intéresser à elle mais de discuter avec une tierce personne rencontré au restaurant. Dans son fonctionnement psychique, les normes sociales tacites sont inexistantes. Il les apprend au fur et à mesure de sa vie.

Un autre point important est qu’il a une incapacité à développer une conversation bidirectionnelle. Il passe donc pour un “Monsieur Je-sais-tout” car ses sujets de conversation tournent autour de ce qui l’intéresse ; il ne maitrise pas les “small talk” ou les conversations lambda qui permettent de créer une discussion habituellement.

Tout cela semble faire comprendre que Sheldon Cooper a sans aucun doute un trouble du spectre autistique, plus précisément le syndrome Asperger. Loin d’être une maladie ou une tare, c’est avant tout un fonctionnement psychique. Il différe donc de la “norme” vis à vis de son fonctionnement psychologique, entrant dans la case des neuroatypiques. Cela explique très clairement pourquoi notre très cher Sheldon Cooper a une difficulté à se faire des amis. Ca ne veut pas dire qu’il n’est pas aimable ou qu’il n’est pas possible d’être ami avec lui mais simplement que cela nécessite tout d’abord de faire un effort de compréhension et ensuite d’ajustement.

Pour aller plus loin je vous conseille la BD La différence invisible de Julie Dachez, la vidéo de Psykocouac nommée “Les troubles du spectre autistique, les interventions de Paul El Kharrat à ce sujet, la série Atypical, et bien évidemment la série Young Sheldon et The Big Bang Theory.