En tant que cinéphile qui se respecte, je regarde très souvent les dernières sorties à la recherche d’un film qui changera ma semaine. J’ai donc, comme une cinéphile qui se respecte, regardé la saga Hunger games il y a de ça quelques années maintenant. On se retrouve quelques semaines après la sortie du dernier Hunger games, pour que je puisse vous développer toutes les leçons psychologiques qu’on peut apercevoir à travers ce merveilleux film.
Je ne pense pas qu’il soit important de revenir sur le résumé du film ou sur le résumé du jeu emblématique dont ce film tourne autour. Dans cet article sera développé trois axes principaux: l’influence de notre lignée familiale, la binarité entre le mal et le bien et enfin la création de notre réalité intérieure.
Nous choisissons l’influence de notre lignée / héritage
Tout au long du film, un point revient sans cesse. Il s’agit du père de Coriolanus Snow, décrit non seulement comme autoritaire mais également comme troublé. Il a en effet, établi l’ébauche des premiers Hunger games et était général de guerre. Snow se retrouve tiraillé entre accepter ou non l’influence d’une telle personnalité. On retrouve ce choix dans ses tenues vestimentaires : au début du film, il se cherche et son style vestimentaire en est l’exemple parfait (il suit ses paires) tandis qu’à la fin du film, sa cousine lui fait la remarque qu’il ressemble comme deux goutes d’eau à son père. Plus q’un choix vestimentaire, et nous le savons notre extérieur est le miroir de notre intérieur, il a choisi de suivre la voie des ténèbres et donc de son père.
Si nous retrouvons dans la littérature et le cinéma, une influence entre les troubles psychiques d’un parent et le passage à l’acte, il est rare que cela se prouve dans des études scientifiques. Nous héritons bien évidemment de certains symptômes psychiques de notre entourage mais le lien entre un trouble psychologique et un passage à l’acte est pratiquement faible. Ce mythe est pourtant bien connu dans le monde : une personne dangereuse, qui commet des meurtres est forcément « malade » dans sa tête et cette personne ne peut avoir des enfants sans qu’ils soient aussi dangereux. Sans prendre en compte tous les patterns externes et les autres facteurs qui sont bien plus importants qu’un trouble psychologique dans un acte mettant en danger des tiers. Bien que nous héritons d’un bon nombre de traits de personnalités de notre entourage, il n’est pas aussi simple de créer une corrélation entre un parent méchant et un enfant qui le devient. Il ne faut pas oublier la partie importante qui relève du libre arbitre de tout un chacun. Cette partie théorique est là pour appuyer le fait que bien que le père de Snow semble dérangé, son influence est cependant le choix de Coriolanus et non un fait immuable. Nous choisissons de suivre une voie, même si cette dernière a déjà été emprunté par un parent. Cette voie sera bien évidemment plus simple à emprunter pour nous mais cela ne veut pas forcément dire que notre vie et nos mauvaises actions soient déjà tracés.
Le mal comme le bien est un choix
Nous suivons Snow dans sa quête au pouvoir mais pas que, nous découvrons un personnage emblématique de ce film Lucy Gray. Assez unique dans son style vestimentaire, on voit qu’elle a une identité propre et qu’elle s’est déjà construite. Il y a une distinction qui se créé entre elle et Snow, sa voie est déjà bien choisie et semble avoir choisi le bien – on peut le voir à différentes moments notamment lorsqu’elle met sa vie en péril pour aider un tiers. Ici se pose la question du choix entre le bien et le mal. On peut pas s’empêcher de se questionner sur la pertinence du bien s’il arrive dans un mauvais contexte. Je m’explique : Snow fait parti d’un environnement bien défini : les “méchants”. Mais minimiser toute une société et un système à des méchants et des gentils revient à minimiser bien d’autres facteurs. Cependant, le comportement de Snow est baigné de gentillesse: il aide Lucy gray à s’en sortir plus d’une fois et il est bienveillant. D’où l’importance de l’intention : bien que nous ne soyons pas à l’intérieur de son âme, il explique à maintes reprises qu’il fait ça pour obtenir la bourse qu’il espère tant. Si Lucy Gray gagne les Hunger games, il gagne également. Il n’est donc pas motivé par le bon comportement, la bonté d’âme ou encore la gentillesse mais seulement par ses propres intérêts.
Cette question philosophique du curseur entre le mal et le bien est plus vieille que le temps, on se posait déjà la question du temps de la guerre où des soldats aidaient des civils à s’enfuir par exemple : comment peut on placer un acte dans une catégorie quand tant de facteurs interviennent? Ce même soldat qui effectue une bonne action peut il être qualifié de « gentil » quand il est lui-même partisan du groupe qui instaure ce mauvais climat?
Ainsi, peut on se poser la question de où se situe Snow en début de film : malgré le fait qu’il fasse partie des « méchants » peut on le qualifier de bon quand il aide Lucy à maintes reprises? Même si son intention première – en tout cas au début – est de se sauver?
Ce curseur évolue au fur et à mesure du temps et des intentions. Bien qu’il commence en étant guidé par ses propres intérêts, cela change rapidement au fur et à mesure qu’il commence à tomber amoureux d’elle au point de prendre la décision de fuir tout cela. On arrive ici à un point culminant : quand tout nous guide vers le mal (notre entourage, notre héritage, notre environnement, notre contexte) peut on réussir à prendre la bonne décision tout de même?
Notre cerveau créé notre propre réalité
Nous arrivons à un point intéressant qui peut être visualisé tout au long du film : nous nous créons intérieurement notre propre réalité. Ici est le parfait moment d’introduire le processus de distorsions cognitives. Une distorsion cognitive, nous pouvons le comprendre de par son nom, est une altération de la réalité pour arriver à des pensées et jugements trompeurs et faussés. Nous retrouvons la prédiction du futur, la minimisation du positif / maximisation du négatif ou encore l’abstraction sélective.
Il faut non seulement avoir conscience que nous possédons tous.toutes, à différentes échelles, des cognitions distordues, mais également avoir une volonté de les modifier si nous voulons que notre perception intérieure soit conforme à la réalité.
Dans ce Hunger games, nous pouvons voir à plusieurs reprises que Coriolanus se créé lui même sa propre réalité notamment dans la scène de fin où il ne retrouve plus Lucy. Nous le voyons au début très neutre, ses pensées ne sont pas dysfonctionnels il doit seulement se dire qu’il ne sait pas où elle est et son comportement est imbibé de ces pensées neutres : il est assez apaisé quand il l’a cherche, il ne tremble pas et sa voix a un ton naturel. Au fur et à mesure des recherches, sa voix devient tremblante, ses gestes montrent une certaine peur et on voit que sa réalité intérieure a basculé : il ne cherche plus innocemment Lucy mais il l’a voit comme un danger en se préparant notamment à l’impensable. Ici, on voit l’importance de nos pensées, il ne se dit pas seulement qu’elle a disparu mais qu’elle veut le tuer, qu’elle se rebelle contre lui. Il se met notamment à crier, tremblant de colère et de peur jusqu’à partir en abandonnant tous ses plans d’évasion tant sa réalité intérieure a prit le dessus. Nous connaissons la suite : Snow est devenu le monstre qu’il devait devenir. En somme, il a laissé ses distorsions cognitives gagner ce combat difficile. Ses pensées dysfonctionnements ne sont plus seulement ponctuels mais doivent être constamment présents tant il voit le mal partout.
Comment ne pas basculer ici et parler du dernier bouquin – classique de la littérature- de Mikaeel Smith sur l’écoute. Avant d’arriver à cela, il évoque les styles d’attachement et il me semble intéressant de revenir sur cela avant de conclure cette thématique.
C’est en 1978 qu’Ainsworth présente trois styles distinctifs d’attachement. Afin de ne pas développer toute l’étude scientifique qui a été menée et qui est longue, nous allons revenir seulement sur les résultats. Il y a trois styles d’attachement : l’attachement sécure, évitant et ambivalent. L’attachement sécure est observable chez les enfants dont leur mère représente une sécurité psychique, elles répondent assez bien aux besoins des enfants et sont là pour eux. En ce qui concerne l’attachement évitant, ici les enfants ont tendance à ignorer leurs mères qui semblent être distante avec eux et qui les rejettent souvent. Quant aux enfants présentant un attachement ambivalent, nous voyons ici des enfants qui sont déstabilisés quand la présence maternelle n’est pas présente et qui s’accrochent à elles dès qu’elle est de nouveau présente.
Nous allons nous concentrer ici sur l’attachement évitant étant donné que Snow présente inévitablement des signes montrant qu’il doit avoir ce style d’attachement. En effet, les personnes avec ce style d’attachement ont appris assez rapidement que même s’ils ont besoin d’aide, ils ne peuvent compter sur personne. Ainsi, ils ont tendance à remettre en doute les intentions des autres, à avoir vision négatives d’eux, à manquer de bon soupçon ou encore ne laisser personne entrer dans leur sphère privée étant donné le manque de confiance qu’ils ont envers les autres. Snow non seulement montre un manque de confiance mais a tendance a mal interpréter les actions des autres, à penser du mal d’eux (d’où le narcissisme qu’il montre dans les premiers films) et se détachent totalement des humains.
A travers ces écrits reflétant mes réflexions pour ce dernier Hunger games, nous avons pu comprendre un peu plus le personnage mythique qui est Coriolanus Snow. L’objectif n’étant pas de diaboliser les anti héros mais de développer les processus présents en eux afin de mieux nous comprendre et donc nous élever.
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